Happy birthday to you ♫ [PV: Pete Monroe]

J'ai l'impression de revenir au bon vieux temps. Me voilà à attaquer un simple restaurant, armé jusqu'aux dents, avec des hommes de main triés sur le tas. Des gens capables de tout, tant qu'on y met le prix. Ce n'est pas exactement ce dont j'ai besoin, c'est pour mon plan. Nous sommes trois fourgonnettes, nous nous dirigeons vers un restaurant quelconque pour une opération des plus audacieuses. Les véhicules s'arrêtent devant la façade de l'établissement, en dérapage contrôlé. Ils se tournent pour avoir leurs portes latérales face à l'objectif. Le crissement inhabituel alerte les clients à l'intérieur qui se tournent vers l'extérieur, d'où les hommes que j'ai engagé et moi entrons dans le restaurant en sortant de nos véhicules respectifs. Le plan peut commencer.

"Bonjour chers habitants de cette misérable ville!"

La voix modifiée de New Bat résonne dans toute la salle, je me suis entraîné un petit moment devant mon miroir avant ce grand moment. Même si "Bruce" ne m'a pas laissé tranquille un seul moment, à me rabâcher entre deux répliques à quel point mon plan est à la fois inconscient et tordu. Mais que voulez- vous? On ne change pas une équipe qui gagne.

"Je me présente! New Bat, pour vous servir! Certains me connaissent déjà de par les rumeurs, d'autres me découvrent. Alors voilà de quoi vous rassurer sur mes intensions."

Je sors un pistolet de mon pantalon et tire dans la jambe d'un témoin assis à une table devant moi, qui s'écroule au sol en hurlant et se tenant la cuisse blessée. Un mouvement de panique gagne l'assistance, je suis obligé de tirer en l'air pour les calmer. Ce petit jeu est à la fois pour leur montrer que je ne blague pas, et pour mon plan initial qui n'a rien à voir avec ce qu'il paraît être.

"Maintenant que les présentations sont faites, serveurs et cuisiniers, veuillez me suivre! N'oubliez pas ce que vous venez de voir, si quelque chose de stupide venait à traverser vos esprits. Car si je suis capable de tirer sur un homme pour une petite démo, imaginez ce dont je suis capable avec de solides raisons."

D'un mouvement de tête, j'ordonne aux hommes de main de raccompagner les employés du restaurant vers les fourgonnettes, le plus rapidement possible. Tout a été préparé, chacun d'eux sait ce qu'il doit faire et à quel vitesse. Il n'y a pas de temps à perdre, Blackwatch ne va pas tarder. En moins de cinq minutes, les véhicules de transport sont pleins. Je rejoins le mien et nous nous en allons en direction des quartiers résidentiels. Pendant ce temps, d'autres fourgons d'entreprises privées de peinture, déménagement et traiteur loués individuellement se garent à des endroits stratégiques de la zone. Et dans le même laps de temps, tous les employés sont endormis chacun leur tour.

Les fourgons que nous utilisons se séparent à un embranchement: l'un rejoint le fourgon de peinture, un autre rejoint le fourgon de déménagement et le dernier rejoint le fourgon de traiteur pour y transférer la main d'oeuvre bon marché. Comme promis aux hommes de mains, ils peuvent garder les fourgons comme paiement pour leurs services, qu'ils emmènent à leurs QGs respectifs. Quant à mes propres hommes, ils sont au volant des nouveaux véhicules et emmènent les kidnappés à une maison isolée et abandonnée à cause d'une construction mal conduite. Les fondations s'enfoncent de plus en plus sous le sol, les habitants ont abandonné leur logis en attendant que les travaux de réhabilitation commencent, ce qui ne se fera pas avant le mois prochain.

"Happy birthday!"

Dis- je à la personne en question en arrivant, avant de la quitter aussitôt. La fête est entre les murs de la propriété -inclus un jardin relativement grand- ils sont assez hauts pour cacher les festivités, là où personne ne se douterait qu'il y ait quoi que ce soit de louche. Sans parler de notre isolement relative, bien qu'il faille éviter de trop faire de bruit pour n'alerter aucun éventuel passant. Les fourgons ont déposé les colis chacun leur tour, avant de s'en aller. Mes hommes se sont occupés de les réveiller et les mettre au travail. Des gardes de confiance sont postés à chaque sortie, armés jusqu'aux dents. J'entre dans la cuisine où se trouve les cuistots qui semblent désorientés. Mon air sévère en fait paniquer certains.

"Les amis, vous voici bel et bien réveillé! Je vous demande de faire le plus beau repas de vos vies, car elles en dépendent..."

L'atmosphère devient tout à coup très pesante, c'est l'effet recherché. Je ne perds mon expression sérieuse que dix secondes plus tard:

"Je plaisante, faîtes seulement de votre mieux. Vous avez tout ce dont vous avez besoin ici, n'oubliez pas que c'est un repas d'anniversaire."

Je porte toujours mon masque et mon costume de New Bat, ainsi que ma voix modifiée. Il est difficile de croire qu'il y ait la moindre plaisanterie dans mon air sérieux, seulement agrémenté d'un sourire au coin pour marquer le coup, qui a vite disparu qui plus est. Inutile de révéler aux civils qui je suis vraiment, alors que nous vivons dans la même ville. Si l'un d'eux venait à le découvrir, je devrais le tuer.

"Des questions?"

Le silence retombe un petit moment durant lequel j'examine à vu d'oeil chaque personne présente. Aucune d'elles n'échappe à mon regard inquisiteur, je place chacun de leur visage dans ma mémoire. Je pense déjà à l'éventualité où l'une de ces personnes pourrait fuir, à la manière de le retrouver sans faire trop de vague. Et bien sûr, comment la faire disparaître. Mais après tous ces événements, ça m'étonnerait que l'une d'elles ose me défier ne serait- ce qu'un peu. Je pose mon regard sur un homme qui semble moins froussard que les autres, il réussit même à parler sans trop bégayer. C'est le plus intéressant de tous. Sa question est légitime, je m'attendais à ce qu'on me la pose. Je refais un sourire au coin en répondant:

"Je ne laisse aucune trace derrière moi, vous devez tout utiliser. Rien ne doit rester, faîtes- nous rêver."

Je lance un dernier regard à ce porte-parole du moment, avant de sortir de la cuisine sans faire le moindre bruit en marchant. L'anniversaire bat son plein, Zoe reçoit des cadeaux d'un peu tout le monde. C'est elle la star de cette journée, j'ai tenu à ce qu'on marque le coup. En réalité, ce n'est pas aujourd'hui qu'on devrait le fêter, j'ai repoussé la véritable date en vu de mettre en exécution mon plan et qu'il n'y ait pas de lien même infime avec ce qu'il se passe. Ce serait dommage qu'on mette en relation la fête d'anniversaire de la fille de l'ancien Deadshot et l'enlèvement de personnes capables de le mener à bien. Il faudrait qu'une seule personne y pense, pour que tout mon plan tombe à l'eau. Parce que j'ai besoin que les autorités suivent uniquement les pistes que j'ai laissé sur la scène du crime, notamment la balle que j'ai logée dans la jambe du client. Ainsi que les fourgons qui sont faciles à tracer.

Mais bref, ce n'est pas le moment de penser à tout ça, c'est la fête. J'attends que le buffet soit constitué, assis dans un fauteuil confortable, en face de la piste de danse improvisée. Mes hommes et femmes se déhanchent, ainsi que l'invité d'honneur qui ne se prive de rien. Elle se fie à moi pour que tout se passe sans accro, elle peut être insouciante pour une fois et se laisser aller au jeu. Elle sait pertinemment que cette fête n'est qu'une diversion pour autre chose de plus significatif, mais ce n'est pas important pour elle. Une fois le buffet prêt avec tous les plats, j'ordonne aux employés kidnappés de rester dans la pièce principale avec nous, pour profiter de la fête. C'est ma manière de les garder à l'oeil. Ils doivent être troublés de se retrouver dans une salle avec des personnes masquées uniquement, certains possédant des costumes reconnaissables, notamment Zoe Lawton en Deadshot qui se jette déjà sur la nourriture.

"Deadshot, non! Laissons ces messieurs goûter à leurs propres plats!"

Je me tourne vers le cuisinier qui avait posé une question tout à l'heure, l'air autoritaire.

"Tu goûteras pour les autres, tu leur fais confiance n'est- ce pas? On vous a tous fouillé, mais qui sait quel genre de stratagème un esprit angoissé peut préparer? J'espère pour toi qu'aucun d'eux n'a prévu de mauvais coup... Je l'espère pour vous tous."

Le ton qui démarra autoritaire, devint carrément menaçant. Tout le monde s'était tu dans la salle, même mes hommes. On attend de voir ce que cette séance de goûter va donner, nous fixons tous l'homme que j'ai désigné.

Une fête d'anniversaire des plus banales, à un détail près: les invités et la personne dont la fête est dédiée sont des criminels notoires, avec un bon nombre de ce qu'on appelait dans l'ancien temps des super vilains. Aucun d'eux n'est un enfant de coeur, et certainement pas moi. C'est pour cela qu'ils ricanent tous de manière peu discrète en regardant le garçon se diriger vers le buffet et goûter un des plats. Je me crispe légèrement en voyant son visage se figer un court laps de temps, je suis le seul à l'avoir vu. Mais il finit par se retourner d'un air convaincu -bien que je note du dégoût dans son regard- pour déclarer qu'il n'y a aucun risque et demander à les laisser partir. A ce moment-là, tout le monde éclate de rire, Deadshot lance d'un air enjoué que le cuistot ne manque pas de cran. Elle s'avance avec un pistolet à la main, se rapprochant dangereusement de lui. Je ne régis pas depuis ma dernière réplique, attendant de voir la suite.

"Quel mignon petit cuisinier... Tu ne serais pas une sorte de héros?"

Elle se poste en face de lui, son visage masqué presque collé au sien. Elle est plutôt grande pour une femme, son visage reste au niveau de son interlocuteur. Mes hommes continuent de rire, mais cette fois avec moins d'intensité pour ne rien rater de la scène en terme d'image et de parole. Zoe appuie l'ouverture du canon de son arme entre le menton et le cou du cuisinier, appuyant dessus sans forcer. Elle veut juste se montrer menaçant, pas le forcer à lever la tête.

"Je déteste les héros..."

La jeune femme joue avec la gâchette de son arme, comme si elle était sur le point de tirer. Mes hommes l'encouragent à tirer, elle est sur le point de le faire, elle se prend beaucoup trop au jeu à mon goût. Cette tension a assez duré, c'est le moment d'entrer en jeu.

"ça suffit!"

J'avance tranquillement vers les protagonistes et m'arrête à côté d'eux, faisant face à leurs profils.

"Je comprends que tu veuilles le remettre à sa place, mais ce n'est pas une manière de traiter un invité, Deadshot."

Deadshot baisse son arme et s'écarte d'un pas.

"Bien. Tu veux qu'on vous laisse partir maintenant? C'est d'accord..."

Des protestations s'élèvent alors tout autour de moi, bien que peu hostiles. Ils veulent s'amuser avec les otages, pas s'en débarrasser aussi rapidement.

"... Si tu joues à un petit jeu. Et tu gagnes, bien sûr."

Le silence retombe d'un coup, tout le monde est intrigué. Je sors un silencieux de mon pantalon et le tend au cuisinier.

"Allons dehors."

L'otage a une arme, chargée qui plus est, il peut décider de s'en servir. Mais, même s'il réussit à fuir avec, ses collègues n'auront pas cette chance. Je tourne le dos au duo pour sortir dans le jardin où se trouve un arbre légèrement éloigné. J'y inscris une cible avec de la peinture, avant de revenir vers Zoe et son rival du moment, des spectateurs les suivant de près.

"Vous allez devoir tirer sur la cible de cet arbre. On va vous bander les yeux pour équilibrer les chances. Celui qui tirera le mieux, gagnera le droit de me demander ce qu'il veut. Partant?"

Le coin droit de mes lèvres s'étire dans un demi- sourire satisfait à la réponse du cuisinier. Il a l'air bien déterminé à survivre, c'est le bon esprit, surtout dans le monde dans lequel on vit. Il ne peut pas se contenter d'attendre que les choses arrivent, il doit sauter sur toutes les occasions qui se présentent à lui et faire de son mieux pour y arriver, quoi qu'il en coûte. J'espère que s'il survit à cette journée, il retiendra cette leçon. Même si je ne compte pas le laisser s'en aller comme ça, ce jeu n'est qu'un divertissement, pas un moyen de le laisser décider de son destin. Il n'y a aucune chance pour qu'il gagne, mais je lui laisse l'espoir d'une telle perspective pour qu'il soit encore plus intéressant et qu'il pousse son potentiel jusqu'au bout. Peu importe le genre de potentiel qu'il possède.

"Je suis ravi que tu acceptes mon garçon. Deadshot?
- Bien sûr que j'accepte aussi! ça pourrait être amusant!"

La jeune femme, à peine a -t- elle prononcé ces mots, se fait bander les yeux par l'un des invités à qui j'ai donné un morceau de tissu. Le but étant qu'aucun d'eux ne nous accuse de tricherie, puisque c'est l'équipe adverse qui s'occupe de ce travail. La jeune femme a bien évidemment gardé son masque, mais le bandage fait tout de même son effet, avec plus d'efficacité que sans masque. Elle saisit son silencieux et colle une balle en plein milieu de la cible, sans aucune hésitation ni temps de visée. Tout le monde applaudit, et par "tout le monde" j'entends mes hommes. Deadshot retire le bandage en se retournant, et s'incline avec un grand sourire malicieux devant l'assistance conquise.

Oh... Quand je disais que c'est couru d'avance, ce n'est pas à la légère. Elle ne rate jamais sa cible, peu importe les circonstances, c'est son don après tout. Elle a juste eu besoin de s'adapter: au lieu d'utiliser ses yeux pour viser, elle a utilisé sa mémoire et reconstitué l'environnement dans lequel elle est, avant de tirer. Je ne lui ai jamais appris une telle chose, elle vient de l'assimiler par elle- même. Son potentiel ne cesse de m'étonner. Maintenant, voyons notre invité. Je sens le désespoir revenir au galop parmi les kidnappés, j'ai peur qu'il ne se transmet au participant. Je décide d'instituer une règle, uniquement pour lui.

"Je devine dans ton maintient que la seule arme dont tu t'es servis dans ta vie est ton couteau de cuisine, je t'autorise à choisir une personne des tiens pour te guider de toutes les manières possibles dans ta tâche."

Ainsi, il aura une personne qui pourra lui dire s'il doit ajuster son bras, ou le soutenir physiquement s'il sait plus que lui sur l'utilisation d'armes à feu et lui dire s'il risque de toucher juste ou pas. Il sera ses yeux et bien plus si nécessaire. Mais ce sera toujours au cuisinier de tenir l'arme et de presser la gâchette, peu importe l'aide qu'il recevra. C'est ma seule condition. Je sens des picotements dans ma poitrine, une excitation que je n'ai pas ressenti depuis longtemps. Cette journée est de plus en plus amusante.